Pour ceux qui croient au bon papa Noël

Préambule : Une campagne contre le crime des biocarburants est en cours. Il suffit d’un clic, ne prétendez pas que c’est trop, je ne le croirai pas : c’est ici.

Je me souviens que j’y ai beaucoup cru. Et que c’était un pur délice. Le Père Noël. Une année, j’ai même eu une idée que je juge, aujourd’hui encore – mes chevilles enflent à vue d’oeil –  flamboyante. J’ai demandé à ma mère, qui était le messager de ces cieux éternellement étoilés, un cadeau particulier. Je voulais une baguette magique. C’est assez évident, je pense. Avec la baguette, je comptais me transformer en Père Noël domestique et quotidien. Et comme mon âme était pure comme un cristal de neige, mon intention était d’en faire profiter le monde entier. Je le jure. J’avais six ans.

Sans transition, je vous annonce que le Grenelle de l’Environnement, dont il va bien falloir fêter le premier anniversaire – on la fait quand, la grande fête, les gars ? -, est une autre façon de croire au Père Noël, mais beaucoup moins agréable. Dès que j’aurai le temps, je décortiquerai une fois de plus l’infernal mécanisme – une sorte de piège à mâchoire, qui fait très mal quand il se ferme – que les écologistes ont déclenché.

Ce jour, une seule information : j’apprends que les patronats italien et allemand, profitant de la crise financière et des claquements dents qu’elle entraîne, ne jouent plus le jeu. Même pas pour rire (lire ici). Ils réclament désormais le renvoi aux calendes du plan Climat de l’Union européenne, ridiculement dérisoire pourtant. Et ajoutent pour qu’on comprenne bien leur propos, limpide en vérité : « La croissance et l’emploi seraient menacés si l’industrie européenne devait supporter de nouvelles réglementations concernant l’environnement ». Faudra-t-il vous l’envelopper, ou consommerez-vous cette merde sur place ?

Je n’ai pas encore entendu Laurence Parisot, notre chère patronne des patronnes sur le sujet, mais je ne doute pas qu’elle partage le sentiment de ses compagnons. Une nouvelle fraîche, en revanche, du baron Ernest-Antoine Seillière, qui dirigea avant elle le Medef. Je le croyais retiré des affaires avec les plantureuses plus-values qu’il avait légitimement empochées, mais pas du tout. Le vieux monsieur rugit depuis Bruxelles, où il dirige une organisation du patronat européen portant le nom de Business Europe.

Que veut notre grand homme miniature ? Qu’on lui foute la paix, bien sûr. Mais aussi qu’on exonère les patrons de toute charge concernant les permis dits de droit à polluer. Aujourd’hui, ces derniers sont gratuits, mais demain, il faudrait payer en cas de dépassement des émissions. Et cela, jamais ! Ernest-Antoine Seillière vivant, on ne verra jamais un patron payer quand il dépasse les généreux quotas de pollution que Sarkozy and co lui accorde (lire ici) pour attaquer au lance-flammes ce qui reste de la beauté du monde.

Je vous le dis en confidence, le Père Noël de mon enfance avait tout de même de plus jolies manières.

7 réflexions sur « Pour ceux qui croient au bon papa Noël »

  1. Salut

    j’entendais ce matin à la radio la fierté et la joie des commentateurs : notre cher chef de la France et l’Europe veut « moderniser » et « honêtiser » la finance en commençant par les paradis fiscaux.
    Il n’a pas promis un Grenelle mais un Bretton Wood!

    Joie et Fierté les gars, papa Noël résout tout …
    jusqu’où ?

  2. Ce que demandent les patrons est logique: il est absurde d’imposer des normes de production sans en même temps prévoir une taxation sur les importations de produits fabriqués en-dehors de ces normes. Mais c’est bien-sur une telle taxation qu’il faut imposer, pas de supprimer les normes! Seulement ça, personne n’en veut, par peur des représailles. Et dans ce cas il n’y a que le consommacteur qui puisse faire pression…

  3. où est passé le texte d’hier sur les méthodes ancestrales de fertilisation des sols en Amazonie?

    Je voulais justement le commenter, pour dire
    1) qu’il faut louer F.Ni. pour sa constance dans la défense d’une agriculture vivrière/de subsistance/de proximité, ET DES SOCIETES QUI VONT AVEC. La première fois que je l’ai entendu (chez Ruth Stegassy sur France Cul un samedi matin de septembre 2007, il prenait de manière passionnée la défense des sociétés paysannes)
    2) que comme toute technologie (plus ou moins sommaire, sommaire dans ce cas) présentée pour apporter un élément de réponse à la crise globale, il fallait prendre du recul entre l’aspect prometteur au niveau « micro » et la faisabilité « macro ». Commentaire qui vaut tout autant pour les éoliennes (OK, mais combien en faut-il?) que les toits peints en blanc, replanter des arbres (a-t-on fait le calcul?), rouler à l’électricité (existe-t-il des batteries? Ne polluent-elles pas? Avec quoi les recharge-t-on?)… Ici, je poserais la question: que se passerait-il si on décidait de « cuire » des milliards de tonnes de matière organique?

  4. ah oui une belle fête pour les un an du grenelle! qu’on gagne au moins ça…
    sinon fabrice continue de distiller son message sur les dangers des agro carburants puisque je viens de le voir quelques secondes dans le jt de 20 heures de f2 dans un sujet sur la hausse du prix des aliments. il y avait aussi ziegler…
    mais bon quand même le vrai problème c’est la bourse et la récession, y’a des priorités tout de même…

  5. @ Fabrice, tu sais que je l’ai eu la baguette magique , à six ans ? Elle m’attendait au pied du sapin, avec un faux parchemin mentionnant même la recette de l’invisibilité ! J’étais vexée, mais alors !!! 1- on me prenait pour un bébé .2- je n’avais pas la possibilité de changer le monde !

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *