Problèmes techniques

Je me débats avec des problèmes techniques qui pour l’heure me dépassent. Mes deux derniers articles sont passés à la trappe du cyberespace. Ils reviendront, je l’espère. Toutes mes excuses pour le dérangement.

6 réflexions sur « Problèmes techniques »

  1. Je ne sais pas pour les autres, mais je viens de retrouver la police de caractère à laquelle je suis habituée et qui avait été – certainement à l’insu de ton plein gré – remplacée par une autre (beaucoup moins lisible). C’est en bonne voie de rétablissement peut-être.

  2. René,

    Je le sais bien. Mais la seule solution à ma portée est de tout recopier. Et je n’ai pas le temps tout de suite. Mais je le ferai !

    Fabrice Nicolino

  3. Fabrice,

    mon lecteur RSS me l’a gardé au chaud.
    Si ça peut t’éviter de le recopier …

    Je suis en quelque sorte navré. Réellement. Il y a quelques jours, j’évoquais la merveilleuse figure du poète espagnol Lorca, réclamant pour le peuple, en 1931, une moitié de pain et un livre. Il va de soi que je reste d’accord avec lui. Comme nous avons besoin de pensée ! Comme nous avons besoin de vrais livres ! Mais d’un autre côté.

    Mais d’un autre côté, si sombre, il n’y a probablement jamais eu autant d’affamés chroniques sur terre, en nombre absolu. La FAO, agence pourtant au service de l’industrie de l’agriculture, les estime à plus d’un milliard en cette année 2009 ( ici). Je ne me fais aucune illusion. 1 milliard ne veut strictement rien dire. Il s’agit d’une statistique, coincée entre les yoyos de la Bourse et les chances d’enfin gagner l’Euromillions, jeu européen de loto si je ne m’abuse.

    La vérité cruelle, mais certaine, c’est que tout le monde se contrefout de ce malheur intégral. Chez nous en France, tout le monde. Les chrétiens, les gauchistes, les humanistes, les nonistes du référendum de 2005, pourtant tellement fiers à bras, les amis de Sarkozy ou de Bayrou, les soutiens de Royal et de Buffet, les « écologistes officiels », que l’on s’arrache désormais dans les salons. Tout le monde s’en contrefout.

    Moi, en règle très générale, je ne vote pas. Pouah ! Voter pour cela ? Je ne suis pas encore assez mort. Non. Et non. Je ne vote (presque) jamais pour la raison qu’aucun candidat ne prend en compte la crise de la vie sur terre, cette crise écologique qui est de très loin l’événement le plus inouï jamais advenu. Bien entendu, ce me serait suffisant, mais il y a cette autre raison que les charlatans que nous choyons – que vous choyez – de nos – vos – votes n’entendent pas même sauver leurs semblables des insupportables morsures de la faim.

    C’est simplement impossible. Il faudrait voter pour des gens qui oublient qu’un milliard d’humains ont le ventre désespérément creux. Car jamais ils ne trouvent le moyen de dire que la priorité de toute politique humaine est de s’attaquer à cette incroyable souffrance collective. Jamais. Il y a toujours une autre nécessité. Par exemple obtenir deux députés européens de plus. Ou gagner trois pour cent par rapport aux précédents résultats électoraux.

    Par exemple. Ces gens, je l’avoue, me donnent la nausée. Tous, ce qui fait du monde. Et pour être encore plus franc, que penser de nous tous, de presque nous tous ? De ces troupes qui jamais ne se lassent de donner leur bulletin à qui n’a jamais rien fait ni ne fera jamais ? Allons, cessons deux secondes d’être hypocrites. Il existe un accord secret, disons implicite, entre l’univers politicien et ceux qui lui donnent stabilité et durée. Vous vous sentez concerné ? Normal, car vous l’êtes bel et bien. Et si vous vous sentez offensé par ce qui suit, c’est également dans l’ordre des choses. Sachez seulement, comme dans les duels d’antan, que le premier des offensés n’est pas vous, mais lui. Lui, ce type que vous ne connaîtrez jamais, et qui se lève sans être sûr de ce qu’il pourra mettre dans la calebasse familiale. Elle, qui n’a plus de lait dans le sein pour son nouveau-né. Eux, ces gosses miséreux qui cherchent dans la poussière de quoi calmer leur estomac. Car ils ont tous un estomac. Oui, comme nous.

    Voyez-vous, je demeure obsédé par le souvenir de la Shoah, ce terrifiant génocide nazi tourné contre les juifs. J’ai lu sur le sujet davantage que l’essentiel. Je vous épargne la liste des livres et documents, je vous épargne de même les voyages que j’ai faits sur les pas des assassins. Obsédé. J’ai déjà dit ici que l’antisémitisme me jetait dans des colères qui pourraient – peut-être – encore se révéler meurtrières. Je suis poursuivi, de même, par l’histoire du Goulag, telle que rapportée par Alexandre Issaïevitch Soljenitsyne et Varlam Tikhonovitch Chalamov. Une piteuse tradition « de gauche », en France, aura tout fait pour nier ce grand massacre, puis en diminuer les dimensions proprement bibliques. Mais ce n’est pas le moment d’attaquer cet altermondialisme si bien représenté par Le Monde Diplomatique, et ses nombreux amis.

    Si j’évoque ces deux faits majeurs de l’histoire, c’est parce que je suis triste à pleurer de voir que rien ne change. Et rien ne change pour la raison que nous continuons sempiternellement d’applaudir aux mêmes. Il sera peut-être un temps où l’on se demandera pourquoi le monde a laissé mourir tant des siens. L’on verra peut-être certains « intellectuels » constater avec aigreur qu’une maigre ponction dans des budgets militaires et de mort diverse eût pu sauver des millions de vies et notre honneur d’êtres humains compatissants. Si la vie poursuit sa pénible route, je crois que l’on verra, que l’on lira tout cela, un moment ou l’autre.

    Mais moi, je m’en moque bien, de ces perspectives. Moi, c’est aujourd’hui que je réclame des mesures d’extrême urgence, dont une aide inconditionnelle et massive à l’agriculture vivrière, condamnant au passage l’industrie criminelle des biocarburants. Aujourd’hui, pas dans trente ans ! Nous sommes évidemment – je le répète : ÉVIDEMMENT ! – les contemporains d’un crime de masse qui se situe dans le droit fil des exterminations du passé. Hitler et Staline ont montré la voie moderne de l’alliance entre le train, la technique en général, la déportation et la tuerie.

    Notre temps démocratique ne fait pas mieux, j’ose l’écrire ici sans trembler. Pas mieux. Ou bien pire ? Car enfin, pour stopper les hécatombes hitlériennes et staliniennes, il fallait tout de même venir à bout d’États organisés, et lourdement armés. Qu’en est-il de nos jours, amis de l’homme ? Où sont les dictatures qui nous empêcheraient d’agir ? Pourquoi tant de braves gens se félicitent du succès récent de listes « écologistes » aux européennes, oubliant qu’elles n’ont rien dit sur rien d’essentiel, et partant moins agi encore ?

    Ma parole n’engage que moi, et ne porte guère loin. Mais, au moins, que personne, jamais, ne vienne plus me reprocher de ne pas voter pour ces gens-là, ou qui que ce soit d’autre ! Car ils seront alors reçus, je le jure solennellement. Je n’empoignerai mon bulletin de vote que lorsqu’il ressemblera enfin à une arme. Quand il me donnera l’assurance de voter pour des gens qui ne transigeront plus jamais sur les questions réelles du monde. L’homme veut manger du pain, oui,/ Il veut pouvoir manger tous les jours./Du pain et pas de mots ronflants./Du pain et pas de discours.(Une chanson de Bertold Brecht et Hans Eisler, ici).

    PS : Je n’oublie rien, citant Brecht, de ce qu’il fut, au service de quelle dictature il mit sa plume. Je n’oublie rien. Mais l’homme veut manger du pain, oui.

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