Bis repetita (encore sur le pouvoir)

Le pouvoir. Le vrai pouvoir dont je vous entretenais dans l’article précédent. Et DSK. Ce que je pense de cet homme politique, je l’ai déjà écrit bien des fois. Au tout début de Planète sans visa (ici), je rappelais que le patron de cette infamie nommée Fonds monétaire international (FMI) a été, entre autres, un avocat d’affaires. Que, dans ce cadre, il a conduit pour le compte de très grands patrons ce qu’on nomme, avec un œil entendu, des deals. Entre 1993 et 1997, il a même présidé un lobby appelé le Cercle de l’Industrie, regroupant un vrai bottin des grands capitaines d’industrie français. Dès 1994, il devenait un lobbyiste appointé du nucléaire. Envoyé en mission en Allemagne par EDF, il commençait son noble travail auprès de ses amis du SPD allemand. Sa mission n’avait aucun mystère : il devait convaincre Siemens de rejoindre Framatome et EDF dans le vaste chantier de l’EPR, le nouveau réacteur nucléaire français.

Et puis, en 1997, le voilà de retour dans le gouvernement de la France, appelé par Jospin au ministère de l’Économie. Autrement dit, après avoir copiné des années avec les pontes de Renault, Areva, EDF et tant d’autres, DSK jugeait légitime d’avoir à traiter les affaires du pays avec les mêmes. Cet homme n’est pas dépourvu de morale. C’est seulement qu’elle lui est personnelle. Pourquoi parler ce 13 janvier 2010 de cet homme déplorable, alors que minuit approche ? Parce que je viens de lire un papier sur lui dans Le Nouvel Observateur à paraître demain jeudi. Non, je n’écris pas cela pour frimer. Souventes fois, les journalistes lisent le journal quelques heures avant les autres. Ce que cela change ? Rien.

J’ai donc pensé à lui, et à un second article paru en juin 2009 (ici). Madame, qu’on appelle aussi Anne Sinclair, avait invité le tout-Paris à l’anniversaire de son excellent mari aux Buttes-Chaumont. Mais qui était invité ? Bien des gens. Dont des banquiers et des industriels bien sûr. Dont BHL et Arielle Dombasle, cela va de soi. Dont Jean-Pierre Elkabach, Claude Allègre, Alain Minc, Jean-Christophe Cambadélis. J’ai écrit en gras les deux derniers noms, car je vais y revenir. Que prouve cette soirée d’anniversaire ? Ce que tout le monde de sensé sait déjà. DSK est un homme-lige du capitalisme transnational. Il n’a servi ni ne servira d’autres intérêts, quoi qu’il arrive. Et si, par malheur, il devait se présenter aux élections présidentielles, je plains par avance ceux qui se laisseraient aller à voter pour lui. Je le dis sans agressivité : à mes yeux, ceux-là n’auraient pas la moindre excuse.

Et passons. Alain Minc. Cet arrogant personnage, d’autant plus capable de mordre que personne ne lui a jamais mis de muselière, est un ami proche de DSK et de Sarkozy. L’article dont je vous parlais, et qui sera demain dans L’Obs sous la plume de Mathieu Croissandeau, rapporte un repas pris entre les époux Minc, DSK et Anne Sinclair dans l’un des restaurants les plus chers de Paris, situé place des Vosges. Selon le journaliste, et je ne sais s’il dit vrai, Minc aurait souhaité ce repas – payé néanmoins par DSK -, pour prendre la température. DSK se préparait-il pour les présidentielles ?  Aurait-il éventuellement l’envie et la ténacité d’aller jusqu’au bout ? D’après Croissandeau, en tout cas, Minc se serait empressé d’appeler Sarkozy pour lui dire qu’à son sens, un homme se trouvant en « surcharge pondérale » comme DSK, et qui reprend du ris de veau, n’est pas en piste pour une épuisante campagne électorale. Je vous jure que je n’invente rien. Ainsi.

Mais l’essentiel n’est pas encore là. L’essentiel est, bien entendu, que ces gens qui se côtoient sans cesse, mangent ensemble, dorment ensemble, et bien plus si affinités, ne font que semblant de s’opposer. Oh ! vous vous en doutiez. Je suis désolé d’avoir paru vous prendre pour des naïfs. Vous vous en doutiez donc, et vous aviez raison. Un cercle parfait réunit les patrons présentés dans le texte précédent et ceux qui sont à l’Élysée ou prétendent y entrer. Il n’y a donc pas le moindre espoir de ce côté-là, si vous voulez m’en croire. Et aux éternels crédules qui misent – peut-être – sur Martine Aubry, je rappellerai brièvement qu’elle s’engagea en faveur d’un « usage contrôlé de l’amiante », quand des braves comme Henri Pézerat tentaient de faire interdire ce poison, dont la singularité est de tuer de simples prolos sans le moindre relais médiatique.

Hasard ? Sûrement. Elle fut directeur général adjoint du groupe Péchiney entre 1989 et 1991, dont la responsabilité reste engagée dans des dossiers lourds concernant l’amiante, comme par exemple Tréfimétaux. Quittant Péchiney pour le ministère du Travail – entre 1991 et 1993 -, elle ne trouva ni le temps ni la volonté de faire interdire ce matériau criminel, laissant le fardeau à ses successeurs. Une grande dame, hein ? En 1993 enfin, virée de son poste au ministère, elle créait sans façon la Fondation Agir Contre L’exclusion, ou FACE. Avec une palanquée de philanthropes tels que GDF-Suez, Manpower, Péchiney-le-retour, Axa, Casino, Renault, le Crédit Lyonnais, etc. Rien que des braves gens. J’imagine que vous avez constaté, tout comme moi, à quel point l’exclusion sociale a pris peur, en face de tels adversaires, et combien elle a reculé depuis en France.

Je redoute d’avoir à le dire brutalement, mais je me demande si nous pourrons aller bien loin avec tous ces gens. Je me demande même avec un peu d’angoisse au ventre si ces champions de la gauche ne sont pas un peu connectés à l’univers décrit dans mon message précédent. Mais dites-moi donc : et si ces belles personnes se foutaient totalement de notre gueule ? Notez que ce n’est qu’une question. Quant à Jean-Christophe Cambadélis, dont je vous rappelle que j’ai mis son nom en gras plus haut dans ce texte, que vous en dire ? Vous me pardonnerez, mais c’est personnel. Cambadélis a été l’un des chefs d’une des pires structures politiques de l’après-guerre, qui s’appela entre autres Organisation communiste internationaliste (OCI). Un groupe d’une immense étrangeté, et qui utilisait la violence la plus abjecte, dans l’après-68, contre ses adversaires. Au-dedans, c’était presque pire. Une sorte de police stalinienne y faisait régner l’atmosphère, en modèle réduit, des procès de Moscou. Mais à Paris, sans que le coup de pistolet Nagant dans la nuque n’en finisse avec les dissidents, comme là-bas.

Je sais, lecteurs de Planète sans visa, que nombre d’entre vous s’ennuient lorsque je parle de certain passé. Mais je suis qui je suis, n’est-ce pas ? Et Cambadélis, passé au PS dans des conditions rocambolesques, y est devenu un cheffaillon de plus, proche de DSK. Il n’a guère changé, à mes yeux en tout cas. Tel il était, tel il demeure. Peut-être en apprendrons-nous un jour davantage sur son passé. Ou peut-être non. Moi, je sais comment se comportait l’OCI de Cambadélis entre disons 1970 et 1977, et cela me suffit bien. Alors, pourquoi parler de lui, qui en vérité ne m’intéresse plus ? Parce qu’il a salué la mémoire de Daniel Bensaïd, mort ces derniers jours, d’un tonitruant communiqué intitulé : « Salut, Bensa ! ». C’est ainsi – Bensa – que Bensaïd était appelé par ses nombreux amis. Dont je n’étais nullement, je le précise.

Bensaïd, cofondateur de la Ligue communiste révolutionnaire, et du NPA qui lui a succédé, était l’un des noms du trotskisme français. Je n’avais, Dieu sait, rien à voir avec sa pensée, mais je sais que cet homme-là fut un révolutionnaire. Et cet engagement était à l’évidence – je dis bien à l’évidence -, aux antipodes des pratiques bureaucratiques d’un Cambadélis. Alors, et tant pis, décidément, si j’ai semé de nombreux lecteurs en route, je dois dire que cet hommage de Cambadélis à la noble figure de Daniel Bensaïd claque comme un outrage. Un terrible outrage qui passera inaperçu. Désolé, mais je devais. De DSK à Cambadélis, en passant par Minc et Martine Aubry, il n’y a nulle solution de continuité. Il y a au contraire un fil. Qui est un câble. Qui forme fossé et frontière. Moi, jamais, quoi qu’il arrive désormais, je ne les franchirai. Il y a eux, et nous. En tout cas, et parce que je ne veux enrôler personne, au moins eux et moi.

PS et rajout tardif : Je me rends compte avec horreur que mes formulations pourraient faire penser que j’ai eu à voir, si peu que ce soit, avec Cambadélis et sa clique de bastonneurs. Par Dieu ! non. Que non ! Jamais, ni de près ni de loin ! Mais il m’arriva en revanche de prendre deux coups de bâton des mains de ces sbires. Apparemment, je ne les ai pas oubliés.

34 réflexions sur « Bis repetita (encore sur le pouvoir) »

  1. cher Fabrice, chers lecteurs,

    Il y a clairement un gros câble qui relie les ténors du PS, les ténors de l’UMP, les ténors des appareils les plus divers et les ténors du libéralisme -ultra ou non-.

    Si entre eux, ces gens en général ne s’aiment pas, c’est parce qu’ils ou elles ont de gros égos et qu’ils n’aiment que leur propre personne ou leur proche entourage qui sait comment les flatter ou les attendrir.

    Mais ils savent jusqu’où ne pas aller trop loin dans leurs discordances et leurs apparentes querelles car il leur faut avant tout préserver le système -tout en faisant semblant de le réformer à la marge pour nous faire croire à leur utilité- puisque c’est lui qui les nourrit grassement.

    A la sempiternelle question est-ce le pouvoir qui pervertit les humains ou les humains qui pervertissent le pouvoir, je ne vois malheureusement pas de réponse bien optimiste …

    Bien à vous

  2. Fabrice,

    J’envie ta connaissance de ces milieux, ton niveau d’information (j’aurais du faire journaliste 🙂 ). Mais…

    Si aucun parti politique existant ne mérite nos voix,
    Si les ténors de droite et de gauche sont tous autant compromis dans des affaires plus ou moins puantes,
    Si les grands idéaux reposent tous au Panthéon des Grands Modèles Incompris ou Inaudibles,
    Si les grands trusts industrialo-bancaires se moquent du futur de nos enfants en se frottant la panse,
    Si tous ces fils, cables, tranchées, réseaux, nous cachent tout horizon,

    Alors quoi ? Que reste-t-il de possible ?

    Est-ce que biner mon lopin de terre et manger mes graines de courges est la solution ? Est-ce que pousser mon vélo dans les cotes en pestant contre la disparition des trains en rase campagne me fera atteindre la lumière ? Est-ce qu’évangéliser le bourgeois gentilhomme qui mise à la hausse les matières premières va nous faire baisser le niveau de la mer 🙂

    Bref. Qui commence ? Et par ou commencer !

    Encore merci pour ton blog (et tes livres) qui nous mobilise sur les vraies questions.

  3. Jo, moi aussi je me fais les mêmes réflexions… De toute façon, je voterai Verts, même si ce sont des libéraux. Mieux vaut la peste que le choléra. Et sûrement pas pour ce gros cochon de DSK !

  4. Hélène, un gros cochon est quand même vachement mignon et ne nuit à personne, contrairement à DSK… Avec un peu d’imagination, on peut trouver des qualificatifs mieux adaptés à l’homme (sans H majuscule !).

  5. Au sujet du communiqué de Cambadélis après la mort de Daniel Bensaïd, on peut rappeler cette phrase de La Rochefoucauld: »L’hypocrisie est un hommage que le vice rend à la vertu ».

  6. A ce niveau là de collusion, ce n’est plus une chaîne, ni un câble mais un club. Une certaine aristocratie persiste, entièrement à genoux devant l’argent. Et sa persistance continue de fasciner des millions d’autres qui veulent ce pouvoir. C’est comme ça et c’est terrible. Ce n’est certainement pas inhérent à la condition humaine mais ça semble l’être à l’existence de la vie en société depuis quelques siècles, non ?

    Qu’est-ce qu’on peut faire ?
    Je n’en sais rien mais j’ai des idées :
    – agir localement, comme on peut, où on est, s’atteler à la cohérence semble peu mais on n’est que des hommes-fourmis,
    – regarder plus souvent du côté des pays qui tentent des efforts au niveau démocratique (site de transparency international par exemple) et/ou écologique (référendum de Morales, Costa Rica, Viet Nam),
    – désobéir,

    Relire Tocqueville, « L’Ancien Régime et la Révolution », d’une actualité tristement inouïe.

    Sur le pouvoir en Italie, je suis en train de lire « Gomorra » et j’ai jamais eu autant honte de mes racines de ritale.

    Merci Fabrice de ta mémoire, parce que ce travail que tu fais ici, hors institution, hors pubs, hors système, page après page, avec la vie, ce travail est très précieux.

  7. Oui, Fabrice, tes souvenirs (et les réflexions qui vont avec) sont très intéressants mais, bon, cela dit, pense tout de même à changer d’année…

  8. @ jo , « que reste-t-il de possible? » …Et que restait-il de possible en l’an mille , en 1786, en 1942 (quand Zweig s’était déjà sucidé) , En 2010 ? mais tout !

  9. Merci Fabrice pour ces infos… Je m’en doutais un peu, mais ça me conforte dans ma résolution de ne plus jamais voter P.S.
    Je me demande d’ailleurs si voter tout court, avec ce genre de candidats,peut servir à quelque-chose…
    Philippe

  10. « Je sais, lecteurs de Planète sans visa, que nombre d’entre vous s’ennuient lorsque je parle de certain passé »
    Non, je ne m’ennuie pas! je me bagarre depuis des années avec l’amnésie politique, trouble hélas trop répandu aujourd’hui. Quand Chirac, par exemple, faisait ses beaux discours sur l’Europe, qui se souvenait de l’appel de Cochin?
    Continue , la connaissance de l’histoire politique de ces dernières années est essentielle, et ton dernier article en est la preuve manifeste.
    Philippe

  11. Désolé de te contredire Bénédicte. Quand tu fais un choix, libre ou non, tu élimines une infinité de possibles.
    La seule façon de les maintenir tous, c’est d’arreter le temps…

    @bruno
    La bonne compréhension de ce qui s’est passé ces dernières années est capitale pour prendre les meilleures décisions possibles maintenant.

  12. @ jo , tu n’as pas compris mon message . Si aucun parti existant ne mérite nos voix et bien inventons autre chose , comme d’autres l’on fait avant nous .

  13. @Benedicte
    C’est le « tout est possible » qui m’a géné. Mais sinon, bien sur, inventons. D’ou ma question !

    J’ai bien des idées mais je vois aussi combien le contexte politique est complexe. Ou sont nos alliés ? Nos sponsors ? Comment rester fidèles aux idéaux édictés face aux conscensus ? Comment faire en sorte que le message ne soit pas perverti ? Quelles actions pour quelles attentes ?

  14. Chanee19, je suis d’accord avec toi le cochon ne merite pas d’être comparé avec ce quoi d’abord…je ne trouve pas d’adjectif assez dur pour ce DSK.

    Qu’ils se foutent de notre gueule, c’est sur fabrice nous nous en doutions et je devrais dire surtout depuis 2007 ou tous ont trahis leur parti pour le « POUVOIR » enfin une illusion car Notre souverain les a mis hors d’état de nuire.

    Je pense voter soit modem ou bien verts, je lirai les programes (sans illusions tout de même).
    Je n’ai que 38 ans donc ce que tu a décris fabrice je ne connais pas de trop donc je ne peux me prononcer.
    Mais aurais tu des infos sur BAyrou, je l’apprécis mais je ne connais pas tout ?

    De toutes les manières c’est le système qui est a changer, à chaques elections nous prenons les mêmes et nous recommençons pourquoi nous plaindre !
    Et entre la peste et le colléra Héllène, je préfère encore ne rien voter même si je sais que de m’abstenir conforte les partis pourrits mais je suis en paix avec moi même.
    Ne le prends pas mal c’est juste mon avis…. lol

    sophie45

  15. je suis d’accord avec benedicte, nous nous plaignons mais nous ne changeons rien.
    he Fabrice, de ressasser l’histoire ne nous ennuis pas car si nous voulons affronter l’avenir mais aussi le présent il faut toujours avec un oeil sur le passé car l’histoire se répète.

  16. Entièrement d’accord avec Philippe. Une petite piqûre de rappel sur l’histoire politique de ces dernières décennies ne peut faire de mal.

    Un peu hors sujet:le mauvais sort s’acharne sur les Haïtiens.Culture du jatropha, immense pauvreté, un séisme avec des dizaines de milliers de victimes …

  17. @Jo , désolée pour ces horribles coquilles, mais (pour changer) je cours comme un furet ! Voici un message qui va peut-être de paraitre très naïf :
    http://www.terre.tv/fr/protection-de-lenvironnement/ca-buzz/2670_le-futur-selon-andre-picot-et-jean-marie-pelt
    Et pourtant, en y regardant de plus près … Dans un autre domaine : celui de la religion, en ce qui concerne l’année 2004 , à titre d’exemple (cf le quid) les deux tiers de l’humanité sont concernés par les religions monothéistes avec une grande majorité chrétienne suivi de peu par la religion musulmane . Cette population se trouve essentiellement dans l’hémisphère Sud, les pays pauvres . PARCE QU’IL Y A LA PROMESSE DU BONHEUR POUR TOUS .
    Et bien nos sociétés ne savent pas produire du bonheur , mais toujours du manque .
    je me souviens que certains murs couverts de pêches te font sourire , mais que tu traques avec délice le chant de la sittelle dans le maquis !
    Notre atout c’est le bonheur de tous .

  18. Merci de ne pas évoquer vos votes pour les Verts ou le Modem, nous sommes entre gens sérieux ici…
    Plus sérieusement, je voterai bien Parti pour la Décroissance, mais ils vont encore faire un score négatif. J’ai l’impression que le Parti de Gauche est le « moins pire » car il ose parler des méfaits du productivisme (sans pour autant oser parler de décroissance). Mais je ne sais pas si ses membres font partie du même club. Pour le P »S », cela fait peu de temps (1 ou 2 ans) que j’ai compris qu’il n’y avait rien à attendre d’eux. Merci Fabrice pour ce rappel, je suis que d’autre ne l’ont pas encore compris.

  19. tremblement de terre dévastateur en Haïti :
    et merde, le « boulevard vers l’avenir » inauguré le 23 novembre dernier n’a pas du résister aux secousses! Bonne nouvelle cependant, Eric Besson vient, sans rire, d’annoncer la suspension des expulsions de ressortissants haïtiens en situation irrégulière.

    Le bidonville haïtien de Cité soleil attend son boulevard vers l’avenir

    Port-au-Prince (HTI), 09 sep 2009 (AFP)

    A Cité soleil, le plus grand bidonville du continent américain, l’avenir passe par le boulevard des Américains, un mastodonte à six voies dont les travaux d’aménagement semblent ne jamais vouloir prendre fin.

    « Il est prévu que cette route arrive un jour vers le nord du pays, jusqu’aux Gonaïves », affirme Aristide Rosemond, qui dirige le principal commissariat de Cité soleil, bidonville planté au coeur de Port-au-Prince, la capitale haïtienne.

    Las, pour le moment, le boulevard des Américains — baptisé ainsi en l’honneur du grand voisin du nord — tient plus du marché à l’air libre que de l’artère de circulation.

    Car en lieu et place de voitures et de camions, le futur boulevard est occupé par des milliers de vendeurs qui proposent tant nourriture que cigarettes, médicaments, articles d’hygiène ou… de vaudou.

    Les travaux ont débuté au milieu des années 90, financés par le gouvernement haïtien, pour être mis entre parenthèses pendant plusieurs années à cause de la violence générée par les bandes, un temps maîtresses de Cité soleil.

    Aujourd’hui, les tensions sont retombées. Et les travaux ont repris l’an dernier avec des fonds américains. Sur le papier, en tout cas. Car sur les 1.400 mètres le long desquels pelleteuses et autres engins de goudronnage devraient être à l’oeuvre, ne traîne pas âme qui vive.

    Les égouts sillonnent allègrement le boulevard à l’air libre, eaux usées et déchets de toutes sortes s’accumulant de part et d’autre d’énormes tubes de ciment.

    « Il manque le goudron, mais (la route) sera prête dans quelques mois », assure pourtant Aristide Rosemond.

    Wilson, un riverain du boulevard des Américains portant chemise rouge et coiffure rasta, est lui du côté des sceptiques. « Je ne sais pas s’ils la termineront un jour », dit-il.

    Le triste état de l’axe qui coupe Cité soleil en deux n’a rien d’une exception en Haïti. Les ouvrages d’art financés par des deniers internationaux et laissés en plan sont légion dans le pays.

    Mais le délaissement du projet est d’autant plus grave que les autorités misent énormément sur ce boulevard pour sécuriser le quartier et ses 350.000 habitants.

    Pièce-maîtresse du projet de revitalisation: le commissariat qui trône sur le boulevard. Il y a trois ans, la Minustah, la mission de l’ONU en Haïti, a utilisé la force pour déloger du bâtiment les narcotrafiquants et autres criminels qui y avaient élu domicile. Les murs portent toujours des impacts de balles.

    Mais « la situation est meilleure », estime Wilson, alors que les enfants qui jouent dans la rue semblent lui donner raison.

    Même constat du côté de la Minustah. « Nous patrouillons à pied toutes les nuits », note Dian Mohameed, un officier nigérian, tressant des lauriers à ses collègues brésiliens qui se sont spécialisés dans l' »achat » d’informateurs dans le milieu de la drogue de la capitale.

    « Ils sont bons, ils en arrêtent un paquet », observe Dian Mohameed.

    Les 11.000 hommes de la Minustah pourraient plier bagages dès novembre 2010, juste après l’élection présidentielle, indiquent à l’unisson hauts responsables du gouvernement et observateurs sollicités par l’AFP.

    Mais pour le moment, la mission attend d’être renouvelée, jeudi, pour un an par le Conseil de sécurité des Nations unies.

    A terme, « notre objectif est de partir sans avoir à revenir », confie Hedi Annabi, représentant du secrétaire général de l’ONU dans le pays.

  20. A Jo : eh, ma remarque, c’était juste à cause de l’erreur de date qu’a faite Fabrice :
    « Pourquoi parler ce 13 janvier 2009 de cet homme déplorable, alors que minuit approche ? »
    Cela dit, DSK était déjà déplorable l’année dernière…

  21. Je pense que nous pouvons pester encore et encore devant les choix effectués par cette classe gouvernante, qui ne prend jamais le « vivant » en compte dans la balance.
    Mais, à bien y réfléchir, il n’y a rien d’étonnant dans tout ça. Le « vivant » n’existe pas pour beaucoup de non concitoyens et de nos dirigeants, en tant qu’entité sacrée, irréfragablement. Les cochons, les arbres, l’eau et les sauterelles n’ont pas de droit, sauf celui de se faire exploiter, détruire. Ce sont des choses inanimées, sans existence propre.
    Penser le monde en pensant que la « vie », sous toutes ses formes, est la valeur la plus importante, qui nous unit tous, et qui est par essence sacrée, ça implique une sorte de révolution copernicienne totale dans les modes de pensée dominants qui fasse que, lorsqu’une forêt, un cours d’eau, un groupe d’animaux soient dans la balance, un veto suspensif soit immédiatement opposé aux intérêts économiques.
    Seulement pour en arriver là il faut soit espérer qu’une révolution des consciences se fasse jour, ce qu’on peut attendre probablement pendant longtemps, soit aboutir à une grande « charte des droits de la nature et des animaux », ce qu’on peut probablement attendre encore plus longtemps. (Par contre j’aimerais bien être une petite souris revenant sur terre dans 100 000 ans pour voir ce qu’il en sera. La révolution aura probablement eu lieu, nécessité ayant force de loi).

  22. Pour rendre un peu moins honteuse Eva, l’italie ce n’est pas QUE la mafia; voilà en vrac quelques trucs que je trouve pas mal non? : ouverture en décembre 2009 du mégaprocès de l’amiante à Turin; y avait même une délégation française, mise en cause de 2 puissants milliardaires anciens dirigeant de la firme eternit, 2000 parties civiles; Interdiction des traitements du mais depuis 2008, reconduit en 2010, les apiculteurs italiens sont heureux: les abeilles revivent! 1er pays européen par la richesse de biodiversité (source WWf) l’ours et le loup n’y ont pas été éradiqués; le loup italien emmerde profondèment les frenchies..les tribunaux commencent (2 décisions) à accorder de sacrés indemnités aux familles des soldats morts victimes du syndrome de la guerre du golfe (en reconnaissant le lien avec les armes employées..uranium appauvri voir pour des choses précises l’association française Avigolfe;) possibilité toute récente pour les citoyens consommateurs de se regrouper pour intenter des actions judiciaires contre les firmes; ont repoussé aussi les actions intentées contre l’état italien à la suite de la suspension des produits de traitement nocifs pour les abeilles par les « colosses de la chimie Bayer, Basf, Syngenta. Voilà ..pour ce pays plein de paradoxe…il y a quelque chose de très différent chez eux c leur régime politique ; les régions y sont beaucoup plus autonomes; nous vivons dans un système très centralisé malgré la réforme des années 82, cela est resté dans nos mentalités, avec évidemment l’histoire si différente..histoire des villes et de leurs puissances venise, pise, florence ; nous histoire du pouvoir central qui se renforce au détriment des grans seigneurs de plus en plus au cours des siècles ; les girondins ont perdu. et parfois je me demande si on arrivera à se sortir de ce carcan mental, sans « l’aide » extérieure de pays comme l’italie justement..ou l’allemagne ou la belgique; j’ai vu que concernant la lutte des apiculteurs il semble y avoir eu une grosse synergie entre un ingénieur agonome belge Etienne bruneau et francesco Panella.président de l’unaf italie; bon allez, ne nous fâchons pas on discute, on ouvre les écoutilles.

  23. A Marie,

    Il n’y a pas de honte ou de gloire à être Italien, Portugais, Allemand, Javanais, Ethiopien,Canadien, Français …

    Il faut tout de même se souvenir que l’on ne choisit pas le lieu de sa naissance.

  24. Tout à fait d’accord avec toi René, mais c Eva qui dit un peu plus haut qu’elle a honte de ses racines italiennes; alors voilà..
    j’ai oublié de coller çà aussi, lu sur le site de Europe écologie

    3/ Des villes du « bon vivre ensemble »près de chez nous
    Et si nous regardions du côté de nos voisins Italiens pour découvrir le réseau « Città Slow » ou les villes du « bon vivre ensemble » ? Au départ de l’Italie, un réseau mondial de petites villes cherche à faire de la qualité de vie, de la convivialité, de l’équilibre alimentaire et du développement durable les piliers des villes de demain. Leurs administrations s’engagent à promouvoir le développement durable, les productions et les savoir-faire locaux, la convivialité.
    Il y a dix ans, quatre maires de petites villes italiennes (Orvieto, Greve in Chianti, Positano et Brà) ont lancé « Città Slow ». Présent dans 16 pays, le réseau a pour vocation de favoriser la circulation des expériences entre les membres à travers des rencontres et le développement d’une plate-forme web. Le réseau est ouvert à toutes les villes du monde de moins de 50 000 habitants ayant réussi un parcours de sélection: la candidate doit répondre à 52 critères concernant ses politiques environnementales, sa qualité de vie, la protection des produits locaux (filières courtes) mais aussi des métiers et traditions, etc. Pour être admise, la ville doit obtenir un score d’au moins 50 % et doit s’engager à ne pas dépasser la taille de 50 000 habitants. Tous les trois ans, ces critères sont vérifiés par le comité de certification de « Città Slow » (faute d’engagement, certaines villes ont déjà été exclues du réseau).
 Début 2009, 116 villes dans 16 pays du monde arborent le colimaçon symbole du réseau, dont 65 en Italie. Aucune ville française n’en fait partie.

  25. Marc,

    También un abrazo para tí, compa, pero la pistola se llama bien el Nagant, y no el Nagan.

    Le Mosin-Nagant M 1895 est un pistolet belge, utilisé d’abord dans l’armée tsariste, puis confié aux tueurs de la Tcheka, du GPU, du NKVD, dans l’ordre chronologique de leurs apparitions meurtrières. J’ai le désespoir de dire que sa conception permettait d’y placer aisément un silencieux, ce qui en fit une arme de choix pour abattre ceux qui ne se soumettaient pas dans les caves de la Loubianka ou de Lefortovo.

    !Y que se vayan a la mierda los estalinistas!

    Fabrice Nicolino

  26. Bonsoir,

    Oula!

    Je voulais laisser un commentaire,mais je crois que je suis mal tombée,les armes même en écritures,c’est pas mon truc.

    Je repasserais donc un autre jour,quand la nature aura remplacée la poudre.

    Cordialement,Léa.

  27. C’est déprimant de vous lire, depuis plusieurs mois je parcours quotidiennement les sites comme le portail http://www.rezo.net et hier soir je tombe en suivant des liens sur votre site.
    Mais concrètement qu’est ce qu’il faut faire? Car je lis et je lis et je lis encore et encore des appels au grand Réveil… et j’ai pas l’impression qu’il se passe quoi que ce soit. Vraiment.
    Je lis aussi les commentaires enthousiasmés d’autres lecteurs et lectrices..
    Comment doit on s’organiser, car on ne peut compter ni sur le PS encore moins sur leur(s) camarades de classe (UMP et consorts)..
    Alors que faire? Hein? que faire?
    Brouter dans son pré, en attendant l’abbatage?
    comment agir?

  28. Baroner,

    Je suis navré de vous déprimer, mais je n’ai pas en magasin de pilule du bonheur. Je le dis, malgré les apparences, sans ironie, car si je pouvais, je ferais. Ce que je tente de faire ici, c’est d’aider d’autres que moi à ouvrir des voies sur des parois verticales, et verglacées.
    Je veux parler de la pensée, qui est à la portée de chacun, mais qui devient plus riche et passionnante à plusieurs. Il est clair que, si vous souhaitez trouver ici des réponses simples et utilisables de suite à une situation qui nous échappe et nous menace tout à la fois, Planète sans visa n’est pas la bonne adresse.

    Bien à vous,

    Fabrice Nicolino

  29. A Marie,

    « Début 2009, 116 villes dans 16 pays du monde arborent le colimaçon symbole du réseau, dont 65 en Italie. Aucune ville française n’en fait partie ».

    Enfin tu sembles oublier qu’en France nous avons « les villes et villages fleuris. »

  30. rené : çà n’a RIEN à voir, comment peux-tu commparer? : « la ville candidate doit répondre à 52 critères concernant ses politiques environnementales, sa qualité de vie, la protection des produits locaux (filières courtes) mais aussi des métiers et traditions, etc. Pour être admise, la ville doit obtenir un score d’au moins 50 % et doit s’engager à ne pas dépasser la taille de 50 000 habitants. Tous les trois ans, ces critères sont vérifiés par le comité de certification de “Città Slow” (faute d’engagement, certaines villes ont déjà été exclues du réseau).
 » auacun rapportt avec cette villes fleuries. Bises.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *