Archives mensuelles : avril 2008

Sans le moindre copyright

Vous allez me trouver un peu fainéant, mais ce n’est pas tout à fait cela. Je reproduis ci-dessous un article que j’ai déjà publié le 1er janvier dernier ici même. Pourquoi ? Parce qu’il exprime quelque chose de très profond – en moi – et je redoute un peu que certains d’entre vous l’aient loupé. La date du 1er janvier, à la réflexion, n’était peut-être pas idéale. Je ne sais pas si j’ai raison, mais il s’agit bien d’un programme politique. Qui commande, pour être éventuellement réalisé, l’apparition de forces qui n’existent pas. Si, et seulement si cela vous paraît avoir un sens, n’hésitez pas à faire circuler. ¡ Y Vamos !

Ce que je vais vous dire ce 1er janvier n’a rien de fignolé. Je commence en effet à près de 17 heures, et je n’ai guère de temps, en réalité. Mais je suis poussé malgré moi. Rien de grave. Rien de léger non plus. Voici mon point de départ : s’il devait y avoir une priorité, une priorité véritable, quelle serait-elle ? Eh bien, ma réponse est celle-ci : il n’y a rien de plus urgent que de restaurer ce qui peut l’être dans le fonctionnement des écosystèmes naturels.

Je reconnais que, présenté de la sorte, cela ne vaut pas le champagne du Nouvel An. Mais il est certain que tout sera désormais plus difficile, à mesure que les prairies et les cultures, les rivières, les océans, les forêts, les zones humides, les savanes se dégraderont davantage. Il est temps, il est même bien tard pour rappeler que toute société humaine, tout projet de quelque nature que ce soit repose in fine sur la bonne santé écosystémique de la planète.

Le deuxième point est aussi évident. Il existe dans nos circuits financiers délirants des masses jamais encore assemblées de puissance matérielle. Cette dernière accroît en proportion la gravité de la crise écologique et se dissout dans des achats aussi intéressants que le Big Mac, le Rafale, la Kalachnikov, la voiture, l’autoroute urbaine, le téléphone portable, la télé à écran plat, la guerre en Irak, le salaire des bûcherons d’Amazonie, le salaire des planteurs de palmiers à huile, le check-up confirmant l’obésité universelle, la corruption, sans compter le pur et simple gaspillage sous l’une de ses dix milliards de formes. En bref, il y a de l’argent. Il n’y en a jamais eu autant, il n’y en aura peut-être jamais autant.

Troisième point : le travail utile socialement disparaît massivement. Qu’elle s’appelle chômage au Nord, économie informelle ou désœuvrement ailleurs, l’inactivité « occupe » une quantité invraisemblable d’humains. Combien ? Aucune statistique ne permettra jamais de savoir quelle est la quantité de travail disponible sur terre. Je postule qu’elle est, pour la question qui m’intéresse, sans limites discernables. Si l’on y tient, je gagerai qu’au moins un milliard d’entre nous, peut-être deux, et qui sait davantage, pourraient travailler plus utilement, rapidement qui plus est.

Et alors ? C’est là, bien entendu, que tout se complique abominablement. Ce que j’entrevois n’a rien de secret. Il faut trouver un moyen de relier ces données indiscutables. Il faut trouver un biais qui permette d’utiliser une fraction importante de la richesse produite, de la distribuer dans de bonnes conditions, jusqu’à la plus petite communauté perdue, en échange d’un travail concret, au service de tous, au service de l’ensemble, au service de l’avenir commun.

Ce n’est pas la peine de protester encore. Laissez-moi préciser un peu. D’abord, il ne s’agit pas d’imposer. Ce travail servirait en priorité ceux qui s’y adonneraient. Si vous limitez la sécheresse ou l’inondation en tel point précis du globe par des travaux de génie écologique, qui en profitera d’abord ? Eux ou d’autres ? Non, il s’agit de proposer un salaire, peut-être un revenu familial garanti à qui accepterait de rétablir des équilibres rompus. Ici, ce serait par le développement de l’agro-écologie, au détriment des cultures industrielles et chimiques. Là, par le retour de la rivière aux règles hydrologiques éternelles. Donc, contre les grands barrages et l’irrigation au service de l’exportation. Ailleurs, par la reconstitution minutieuse de communautés végétales stables, par exemple sous forme de vraies forêts.

Un tel projet mondial est essentiellement utopique, j’en conviens. Il suppose des pouvoirs qui n’existent pas. Il impose une révolution planétaire qui donnerait, au passage, le pouvoir sur la terre aux paysans. Ruinant à jamais les restes si puissants de la féodalité, l’un des rapports sociaux les plus résistants qui soient. Mais d’un autre côté, avons-nous bien le choix ? Est-il simplement concevable de laisser la vie disparaître à une telle vitesse ?

Je reprends donc. D’abord, créer une idée, qui serve de drapeau à tous, au nord comme au sud. Une phrase suffirait, qui dirait : « Restaurons la vie sur terre ». Dans un premier temps, nous ne serions qu’une poignée derrière une telle proclamation. Mais ensuite, mais demain, mais dans dix ans ? Je crois profondément que nous devons recréer l’espoir. Soit un but magnifique qui rassemble enfin la jeunesse fervente du monde, et les vieux. Les petits-bourgeois effarés que nous sommes et les paysans du riz, au Sri Lanka ou aux Philippines. Les derniers peigne-culs du Tyrol et les gosses des rues de Bogota ou Rio. Les métallos de Detroit et les va-nu-pieds de Kinshasa. Les cadres tokyoïtes et les éleveurs de yacks du Tibet. Les Iakoutes. Les banlieusards. Les Yanomani. Les alcoolos de Moscou et Kiev. Les Bushmen. Les éleveurs de la brousse australienne.

Je crois pour ma part que l’humanité – au moins la partie la plus noble de l’humanité – attend sans le savoir une parole de reconstruction. Je suis même sûr qu’un message unique, répercuté d’un bout à l’autre de la terre, changerait radicalement la donne. À condition d’être ferme. À condition d’être patient. En se souvenant de tout ce qui a été tenté dans le passé, et parfois réussi.

Recommençons. Un, les écosystèmes. Tout n’est pas possible, car certaines destructions sont irréversibles. Mais la marge est géante. Il existe une plasticité de la vie, telle que nous pouvons espérer renverser le courant. Pas partout, non. Pas toujours, hélas. Il reste, néanmoins, que la puissance de feu des hommes, si affolante dans ses effets négatifs, peut être tournée en son contraire. Je pense profondément qu’on pourrait retrouver une partie de la fertilité d’antan. Assez, en tout cas, pour échapper au pire.

Deux, la richesse. La taxe Tobin était une sorte de plaisanterie. Il faut désormais acculer l’oligarchie qui tient les rênes de la si mal nommée économie. Ne plus rater la moindre occasion d’accuser ceux qui préfèrent l’argent à l’existence. Tout en clamant qu’il nous faut récupérer au moins 10 % de la totalité de la richesse produite chaque année. Je n’ai pas le chiffre exact en tête, mais le total se chiffre en milliers de milliards de dollars. Fou ? Raisonnable au contraire. Que représentent ces 10 % au regard de l’enjeu ? Vous, personnellement, ne renonceriez-vous pas immédiatement à 10 % – et bien davantage – de vos revenus en faveur de qui sauverait votre vie et celle de vos proches ?

Non, 10 % est raisonnable, au point dément où nous sommes rendus. Bien entendu, tout resterait à faire. Car nul pouvoir existant ne serait en mesure de gérer et de distribuer comme il convient une telle manne. Mais croyez-moi sur parole : les solutions apparaissent dans le cours d’une action. Pas quand on reste inutilement autour d’une table, la tête entre les bras.

Trois, le travail. C’est peut-être le plus difficile. Mais à coup certain le plus passionnant des trois points que j’évoque. Il s’agirait d’une sorte d’affranchissement de tous, au bénéfice de tous. Cela ne semble pas sérieux. Ça l’est. Je m’autorise un rapprochement, absurde tant tout est différent, mais qui rendra mon propos plus clair. Ceux qui ont osé penser la fin de la royauté et la République en 1750 étaient-ils seulement des fous ?

Je plaide pour un changement d’échelle, de valeurs, de combat. Je pressens comme certain qu’une mise en mouvement, par-delà les différences d’âge et de conditions, toucherait cette part généreuse de l’homme, celle qui peut et doit tout changer. Nous savons, pour notre malheur, que le monde sollicite sans relâche l’individualisme, l’envie, la laideur, la petitesse. Je suggère de nous tourner vers le reste, caché dans les replis de notre âme commune.

Cet étrange univers des journaux

Nous sommes le mardi 15 avril 2008, il est 15h40, j’attends chez moi une équipe de la télévision publique, pour un bout d’entretien. Lequel devrait être présenté ce soir au journal de 20 heures de France 2. À moins que madame Bruni n’annonce une nouvelle fracassante. Ou que monsieur Sarkozy ne se soit malencontreusement enrhumé. Nous verrons bien. Vous. Car moi, je n’ai pas même la télé.

Bon, pourquoi ? Eh bien, comme certains d’entre vous ne peuvent plus l’ignorer, pour la raison que j’ai publié en octobre 2007 un pamphlet intitulé : La faim, la bagnole, le blé et nous, chez Fayard. Il s’agit d’une enquête sur les biocarburants, qui rapporte très exactement ce qui se passe ces jours-ci dans le monde réel : des émeutes liées au prix du pain ou des céréales. La relation avec le déferlement des biocarburants est évident. Complexe, mais évident.

Dans le monde fini qui est le nôtre, les surfaces agricoles sont par force limitées. Le rendement des récoltes peine à augmenter comme il le faisait jadis à coup d’irrigation folle, d’engrais et de pesticides. Nous approchons clairement de certaines limites dont se sont toujours moqués les marchands qui décident de tout.

Or la population augmente, chacun le sait, et une fraction des populations chinoise et indienne – entre autres – change de régime alimentaire à mesure qu’elle voit son pouvoir d’achat augmenter. En clair, ces anciens pauvres-là mangent plus de viande, ce qui exige davantage de céréales. L’augmentation de la demande est la première cause structurelle de la tension du marché alimentaire mondial. Et le dérèglement climatique en cours, qui pèse toujours plus sur le niveau des récoltes, en est la deuxième. Nul pays n’est plus sûr de rien.

Ce serait suffisant, mais l’irruption des biocarburants a renversé un équilibre on ne peut plus précaire. Les États-Unis, plus grand exportateur mondial de maïs, consacrent 30 % de leur immense production de cette plante à la fabrication d’un bioéthanol destiné à la bagnole. C’est colossal ! 70 millions de tonnes sont ainsi soustraites chaque année au marché mondial. Le prix du maïs a bien entendu flambé, mais par des effets de contagion et de substitution, celui des autres céréales a suivi.

Bien entendu, vous l’imaginez bien, le phénomène est fatalement plus compliqué que ce que je viens de simplifier. Mais enfin, l’essentiel est là, je vous demande de me croire. Et c’est pour cette raison que j’attends France 2. Que j’attendais France 2, plutôt, car il est 16h44, et l’équipe de télé vient de passer. Ceux qui regardent la télé le soir me verront peut-être.

Ces jours sont pénibles, car je recommence à être interrogé par les journaux, comme en octobre dernier. Et ne croyez pas que j’en suis heureux. Je suis sincèrement accablé. J’ai parlé au journal de Jean-Jacques Bourdin de RMC ce matin, sur Radio-Vatican tout à l’heure, j’enregistre un débat pour RFI lundi, et je suis triste.

La presse est et restera la presse. Aucun de mes interlocuteurs ne sait de quoi je parle. Aucun n’a la moindre idée de ce que sont les biocarburants. Ou la faim. Ou la biodiversité. Ou la crise du climat. Ils sont prêts à entendre tout et son contraire, dans l’entrechoquement habituel de points de vue opposés qui se valent tous. Et l’on voudrait que les auditeurs, les téléspectateurs comprennent un peu ? Je ne suis même pas sûr qu’il fallait accepter ce rendez-vous télé. Soyez gentils, vous me direz. Moi, je tire le rideau.

Quand monsieur Le Boucher avoue qu’il ne sait rien

Il y a des jours où plus rien ne passe. Mais rien. Comme ce samedi 12 avril, où je découvre dans le quotidien Le Monde la chronique hebdomadaire d’Éric Le Boucher. Inutile d’en rajouter, inutile. Ce libéral convaincu ose aborder l’infernale question de la crise alimentaire mondiale. Et du coup, car l’homme est sérieux – si, sérieux -, celle de l’agriculture. Et même, chemin faisant, l’écologie.

Or, il est ignorant. Gravement, irrémédiablement. Les sujets qu’il évoque l’ennuient, et ne l’ont jamais poussé à lire le moindre ouvrage sérieux à eux consacré. Je n’en ai pas la moindre preuve, non. Mais je sais lire, oui. Le Boucher parle de la faim comme d’une variable dans des calculs qui resteront de salon. Et le pire n’est pas là, bien que cela soit déjà affreux.

Le pire est sa suffisance. Première citation : « Sur le moyen terme, la terre, généreuse nourricière, est capable de doubler ses productions pour alimenter les 9 milliards d’êtres humains de 2050. Mais les clés sont l’investissement, la science, la génétique ». Ces deux phrases sont si absurdes qu’elles me tordent l’estomac : elles expriment, en concentré, ce que veulent croire les maîtres du monde. La crise des sols – dont leur érosion massive -, celle de l’eau, la poussée des déserts, le dérèglement climatique, l’augmentation du nombre des humains, l’affaissement prévisible d’écosystèmes géants n’existent plus et n’ont même jamais existé. Car Le Boucher l’écrit. Car il le croit, et avec lui la quasi-totalité des élites du Nord, qui y ont tant intérêt.

Deuxième citation : « Demain, il faut continuer de transformer les enfants de paysans en ouvriers des villes, mais aussi les transformer sur place en agriculteurs-entrepreneurs. Il faut remembrer, introduire la technologie, moderniser tous les circuits de financement et de distribution ». Faut-il réellement commenter un tel monument ? Remembrer, moderniser, changer les paysans en ouvriers. Pauvre monsieur. Nous l’avons déjà fait, savez-vous ?

Pauvre monsieur, mais écrivant dans le grand journal français. Incapable de nous parler de l’état réel du monde, la presse se perd dans le détail, les chimères et autres plumes d’oiseau. Vendue une fois de plus  – comme dans les années trente du siècle passé, peut-être en pire – à l’intérêt privé, acceptant sans broncher que la publicité paie les factures et les vacances à la neige des familles méritantes de journalistes, la presse ne sert plus la cause publique de l’avenir. Ne cherchez pas, ne croyez pas à l’exception. La presse, fût-elle prestigieuse, est à la dévotion de la marchandise, donc de la destruction.

Seuls les moments historiques, par définition rares, permettent de déserrer cet étau, et d’informer sur ce qui se passe réellement. Dans l’époque moderne de la France, et malgré le poids écrasant alors de la presse stalinienne, la Libération de 1944 demeure un moment de grâce. 68, à sa manière tordue, en a été un autre. Il faudra donc attendre le prochain rendez-vous, ce qui n’interdit pas d’imaginer, et même de créer. Qui sait ? On en reparlera peut-être.

Rama et Bernard, de la Tragédie française

Cet article pourrait bien figurer sur le blog que je consacre aux biocarburants, mais enfin, le voici. Je vous invite, si vous avez une minute, à lire un texte paru hier dans le quotidien Libération. Il est signé de quatre de nos ministres : Kouchner, Jouyet, Yade, Joyandet. C’est une sorte de larmoyant plaidoyer pro domo : nos (toutes) petites excellences se demandent comment la France éternelle doit agir au regard des actuelles émeutes de la faim dans tant de pays du Sud.

J’en extrais ce morceau de choix : « Au nom de sa vocation universelle, au nom de la préservation d’équilibres politiques et migratoires précaires, en tant que principal producteur européen, la France ne peut pas accepter que l’on meure de faim au XXIe siècle ». Et puis quoi ? Et puis nos ministres annoncent la grande nouvelle qui fera d’eux des héros du Panthéon des droits humains : ils annoncent avoir réuni un groupe de travail. Un groupe de travail !

Oublient-ils au passage la cause centrale de l’insupportable crise en cours ? Oublient-ils les biocarburants, venus déstabiliser un marché alimentaire mondial tendu comme un arc depuis des années ? Pas même. Le bureaucrate de service, celui qui a écrit pour les quatre ministres la tribune de Libération, ce bureaucrate inconnu a parcouru quelques documents authentiques. Et il note exactement « un effet “biocarburant” consommant des surfaces de plus en plus étendues ». Sans doute faut-il y voir la main du Saint Esprit, puisque rien n’est dit du rôle barbare des bagnoles du Nord dans l’irruption du phénomène. Et rien du rôle de la France, l’un des plus grands producteurs agricoles au monde, acteur-clé de l’industrie criminelle des biocarburants. Et rien de la responsabilité écrasante de Michel Barnier, ministre de l’Agriculture, qui soutient ardemment et publiquement cette entreprise de guerre à l’humanité.

Je ne sais comment qualifier Kouchner et les autres. Le spectacle médiatique de ces jours, Tibet compris, me lève le coeur comme rarement au cours de ces dernières années. Tandis que des frères humains meurent pour des causes essentiellement politiques, d’innombrables petits marquis dansent au-dessus des flammes. J’ai honte une nouvelle fois de ce pays et de ses dites élites. J’ai radicalement honte.

Et pour en revenir à Kouchner, que puis-je ajouter ? Comment un homme pareil peut-il incarner dans l’esprit commun la défense intransigeante du droit et de la morale ? La crise écologique est aussi une crise très grave de l’esprit. En tout cas, cette façon atroce de parader tout en laissant se commettre l’irréparable doit bien porter un nom. Je pense à nos émeutes de la faim du printemps 1789, et au sort fait aux accapareurs. Je n’aime pas la violence, malgré les apparences, et je ne souhaite pas qu’on coupe le cou de quiconque. Mais moi, je mange.

Nathalie, de la Comédie française

Jean-François Le Grand m’a bien fait rire, mais j’espère qu’il ne m’en tiendra pas rigueur. D’un côté, c’est sans doute un homme estimable, mais de l’autre, il est aussi un prince du comique, bien qu’involontaire. Imaginez ! Ce sénateur UMP découvre la lune et, comble, nous le dit. Au cours du débat insupportable sur les OGM à l’Assemblée nationale, notre homme a défailli, car, et c’est une citation, « certains ont fait main basse sur l’UMP afin de défendre des intérêts mercantiles, « ripolinés » pour les rendre sympathiques : on a parlé de l’avenir de la science, de celui de la recherche… La force de frappe de Monsanto et des autres semenciers est phénoménale. Il fallait voir la violence des réactions de Bernard Accoyer (président de l’Assemblée nationale) et d’autres au lendemain de l’avis rendu par le Comité de préfiguration. Il suffit de comparer les argumentaires des uns et des autres – identiques – pour comprendre l’origine de leur colère. Ils ont été actionnés. J’ai été approché par Monsanto, et j’ai refusé de leur parler. Je veux rester libre ».

N’est-ce pas sublime, mais vraiment sublime ? Poursuivons. À la suite de cette déclaration, le président de l’Assemblée nationale tonne. Écoutez le bruit, cela vaut le dérangement : Bernard Accoyer juge « inacceptable » le fait de « considérer que parce que tel ou tel parlementaire défendrait telle ou telle position, telle ou telle conviction, il serait à la solde d’intérêts privés ou de groupes de pression ». Molière ou Labiche ?

Ensuite, confusion générale, entourloupes à tout-va, jusqu’au cri de la pauvre Kosciusko-Morizet, découvrant à son tour ce que tout le monde sait, à commencer par elle, et pour cause. La droite est la droite. La droite adore les lobbies industriels. La droite se moque de l’avenir de cette planète autant que la gauche, ce qui la mène loin. Je vais vous étonner un peu : je la crois sincère, en son genre roué. Oui, sa dénonciation de la lâcheté évidente de Borloo et de Copé, énoncée dans Le Monde, puis retirée sous la pression de Fillon, cette dénonciation sent le vrai.

Le vrai, mais aussi le faisandé. Car c’est chaque jour que de tels épisodes se produisent, mais c’est hier seulement que madame Kosciusko-Morizet s’en est avisée. Parce qu’elle en était la victime, bien entendu. Parce que celle qui était lâchée lâchement par son ministre de tutelle, c’était elle ! Pour le reste, rien. La bouffonnerie est à son comble : les écologistes officiels du Grenelle de l’environnement ont gonflé la baudruche Borloo, pensant qu’ils profiteraient au passage du courant d’air.

Et que reste-t-il, sinon cette évidence que le combat en est au point mort ? Mais qui le dira ?